Que fait-on pour appuyer l’indépendance financière des survivants de la traite des personnes au Canada?  

 

Dans le dernier article de blog du Centre, nous avons parlé des difficultés financières auxquelles sont confrontés les survivants de la traite des personnes après être sortis de leur situation d’exploitation. Au Canada, des initiatives offrant du soutien aux survivants qui aspirent à l’indépendance financière ont vu le jour dans les dernières années, mais le secteur financier doit déployer des efforts supplémentaires pour aider les survivants à la traite des personnes.

Que fait-on au Canada et à l’étranger pour régler ces problèmes ?

En 2017, le Centre a travaillé avec Richard Dunwoody dans le but de mettre au point, à l’intention des institutions financières et des prêteurs, un cadre qui est centré sur la personne et qui tient compte des traumatismes afin d’aider les survivants de la traite des personnes ayant été victimes d’une dette résultant de la contrainte ou de la fraude pendant leur expérience d’exploitation. Au cours des années suivantes, Richard Dunwoody a mis sur pied Project Recover, une initiative conçue pour les survivants de la traite des personnes qui composent avec les effets négatifs sur leur crédit d’une dette découlant de la contrainte ou de la fraude. Le projet offre du soutien bénévole, des conseils et des avis, en plus de défendre les droits des survivants. Jusqu’à maintenant, Project Recover a affiché un taux de réussite de 100 %. Le projet met également à la disposition des survivants et des travailleurs sociaux certaines ressources pratiques et fournit aux prêteurs canadiens une trousse d’outils sur la traite des personnes. Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet des services, des processus et des plaidoyers de Project Recover, ou pour communiquer directement avec Richard ou Nancy Fung, veuillez visiter la page de contact de Project Recover ou appeler la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes au 1 833 900-1010.

Le Centre a également eu le privilège de prendre part à une autre initiative financière prometteuse : la Survivor Inclusion Initiative (l’Initiative pour l’inclusion des survivants) de l’organisation Finance Against Slavery and Trafficking. Le projet avait pour but l’élaboration d’un cadre commun visant à fournir des services financiers de base aux survivants à la traite des personnes qui peuvent avoir été victimes d’une fraude d’identité ou dont les comptes bancaires pourraient avoir été pris en charge par un trafiquant afin de blanchir de l’argent ou à d’autres fins criminelles. Ces activités nuisent au crédit d’un survivant et peuvent accroître le risque que l’individu redevienne une victime. Le cadre à l’intention des institutions financières vise à offrir aux survivants à la traite des personnes des services centrés sur les victimes et qui tiennent compte des traumatismes en mettant particulièrement l’accent sur la confidentialité et la protection des renseignements personnels, le consentement éclairé et l’importance de la création d’un milieu bancaire sécuritaire et favorable.

Depuis le lancement de l’Initiative pour l’inclusion des survivants, un certain nombre d’institutions financières internationales ont travaillé en partenariat avec des organismes non gouvernementaux de lutte contre la traite des personnes afin de développer des processus qui donnent du pouvoir aux survivants et leur permettent d’accéder à des services financiers. Au Canada, les dirigeants de la Banque Scotia et de Deborah’s Gate, un programme de lutte contre la traite des personnes de l’Armée du Salut au Canada, ont réussi à mener le projet pilote dans le but d’offrir gratuitement des services financiers aux survivants canadiens de la traite des personnes ainsi qu’une éducation financière avec un conseiller spécialement affecté à cette fin. Les programmes de l’Armée du Salut de lutte contre la traite des personnes ont joué un rôle de premier plan dans la mise au point de ce processus par excellence qui place l’expertise et l’expérience de la traite des survivants au cœur du projet.

Plus récemment, des spécialistes de la lutte contre le blanchiment d’argent de la Banque de Montréal ont également lancé leur propre Initiative pour l’inclusion des survivants. Nous espérons que ce type de programme sera adopté de manière permanente dans toutes les grandes banques au Canada et qu’il deviendra un moyen systématique de faire face au problème de la traite des personnes et d’appuyer les survivants.

Bien que l’Initiative pour l’inclusion des survivants vise à s’attaquer à la traite des personnes en offrant aux survivants un accès financier et, par conséquent, de l’aide pour remettre leur situation financière sur les rails, le Centre espère que l’initiative se poursuivra et qu’elle remédiera aux problèmes de crédit des survivants.

 

Que peut faire de plus le secteur des services financiers pour combattre la traite des personnes et appuyer les survivants ?

  1. Adopter l’Initiative pour l’inclusion des survivants et travailler en partenariat avec des organisations de lutte contre la traite des personnes et des consultants auprès des survivants afin de développer et de mettre en œuvre des processus centrés sur la personne et qui tiennent compte des traumatismes pour accélérer l’accès aux services bancaires essentiels et à des programmes d’éducation financière visant à favoriser l’autonomisation financière des survivants de la traite des personnes.
  2. Offrir aux survivants des services bancaires gratuits ou à faible coût, combinés à la possibilité d’obtenir un compte standard assorti d’autres privilèges lorsque la personne aura assuré sans problème la tenue du compte pendant un certain temps.
  3. Inclure la traite des personnes/l’exploitation sexuelle dans la liste des circonstances permettant aux survivants de la traite des personnes de présenter une demande d’examen de circonstances exceptionnelles relativement aux prêts étudiants « incomplets » dans chaque province et territoire.
  4. Mettre en œuvre un processus permettant aux survivants de la traite des personnes de présenter une demande pour que leur dette de consommation résultant de la fraude ou de la contrainte soit examinée, effacée de leurs rapports de solvabilité, puis radiée.
  5. Former tous les employés de première ligne sur le crime que constitue la traite des personnes et ses liens avec les services financiers. Afficher visiblement le numéro de la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes dans les succursales, dans les documents de marketing et dans les sites Web.
  6. Adopter une loi fédérale pour renforcer la transparence concernant la propriété effective, c’est-à-dire obliger les entreprises à divulguer la propriété, ce qui permettrait aux banques de recueillir des renseignements au sujet des personnes associées à des activités légitimes et illicites.
  7. Fournir du soutien supplémentaire aux organismes fédéraux et aux partenaires responsables de l’application de la loi chargés de faire des enquêtes sur des déclarations d’opérations douteuses afin de découvrir des activités de blanchiment d’argent liées à la traite des personnes.
  8. Collaborer avec des organisations communautaires en vue de développer des programmes internes qui offrent aux survivants à la traite des personnes des emplois, une nouvelle formation et des cours dans le secteur des services financiers.